Toni Anglada et Dolçamar : terre, fleurs, mer et douceur

Toni Anglada, l’âme de Dolçamar, se consacre à la culture d’un produit ancien et secret : le miel, qui donne vie et couleur à une terre insulaire faite de lumière, d’eau de mer et d’austérité géologique, petite et fragile, mais capable de résister aux assauts de la tramontane, placée au milieu du golfe du Lion. Aujourd’hui, le projet Dolçamar s’est revitalisé grâce à l’arrivée dans l’entreprise d’Emmanuel Javal, un Français sensible et audacieux qui aime la pureté et l’équilibre entre mer, terre et nature.

Quand a été fondée Dolçamar ? Qui l’a inspirée et avec quels objectifs ?
Dolçamar a été fondée en 2011. Je souhaitais effectuer un changement total au niveau professionnel dans ma vie, et j’ai pensé que l’apiculture pouvait m’offrir l’option de travailler la terre, en mettant en valeur un produit jusque-là sous-estimé.

Quelles sont ses données descriptives : ruches, emplacements géographiques, cabanes, nombre d’abeilles ?
Elle comprend 190 ruches en gestion directe et une centaine en gestion indirecte. L’objectif est d’atteindre 270 ruches en 2025 et 600 en 2027. Les emplacements sont divers à travers l’île, de préférence au centre et dans la zone nord.

Quelles ont été les dernières récoltes ?
Cette année a été bonne. Nous avons produit un peu de miel de trèfle et aussi de sulla. La production principale est le miel de fleurs. Si tout va bien, à la fin de l’année nous pourrons produire aussi du miel de bruyère.

Quelle est la description organoleptique du miel Dolçamar ?
Le miel Dolçamar se caractérise principalement par un arôme doux et fruité. Il a un goût de fleurs fraîches avec des notes salées et une persistance en bouche moyenne. Selon la proportion de telle ou telle typologie, il peut même se distinguer par son arôme.

L’apiculture est une activité économique durable, mais les seuils de rentabilité et de croissance sont-ils difficiles ?
L’apiculture à Minorque est compliquée. Pour plusieurs raisons : principalement, le manque de pluie et l’absence de montagnes rendent la transhumance quasiment inexistante. En contrepartie, l’excellence et la rareté des miels de l’île en font un produit généralement limité en production, ce qui entraîne un prix de vente élevé pour le consommateur. Il est également vrai que la transition d’une apiculture de subsistance vers une apiculture professionnelle, comme nous le proposons chez Dolçamar, peut améliorer les marges de rentabilité.

Quels sont les prochains projets de Dolçamar ?
Augmenter le nombre de ruches ; ouvrir la possibilité de générer d’autres produits et surtout insister sur l’importance d’investir dans la marque.

Que peut représenter la participation entrepreneuriale française que vous avez initiée ?
Je suis convaincu qu’il s’agit d’un pari gagnant. Tirer parti de la connaissance du terrain de Dolçamar et de son empreinte clairement minorquine, combinées à l’élan et à la vision entrepreneuriale française, est à mon avis une combinaison qui nous mènera sur la bonne voie et vers de bons résultats. À partir de la réalité et en valorisant encore plus le produit que nous avons, nous serons capables de créer une marque de référence aux niveaux local, national et international.

Comment les marchés peuvent-ils être élargis ? L’exportation est-elle envisageable ?
En ce qui concerne la production de miel, elle sera toujours limitée par les facteurs mentionnés auparavant, mais si nous sommes capables d’associer les produits exquis de l’île à notre marque, dans un avenir proche, nous serons sûrement en mesure d’élargir les marchés.

Le mot « Dolçamar » est-il une sage combinaison de la douceur minorquine comme terre durable et très humaine, et de la saveur de la mer qui entoure l’île ?
Lorsque le nom Dolçamar a été conçu, nous avions la certitude qu’au cœur de la Méditerranée, Minorque était — et nous voulons qu’elle le reste — un port où se reposer et se ressourcer après de longues traversées. Les îles, en général, et Minorque en particulier, sont des lieux de secrets anciens. Le miel Dolçamar est l’un de ces secrets, resté méconnu des visiteurs pendant des siècles. Nous sommes désormais en mesure de le faire connaître et, dans la mesure du possible, de l’offrir aux visiteurs afin que, dans un lieu entouré de mer, ils puissent se délecter d’un produit doux et prodigieux.

Miquel Àngel Limón

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